PETR du Pays de Châlons-en-Champagne

Coupeville

Les spécificités du territoire

Un peu d'histoire

La Champagne a constitué de tous temps un lieu de passage Nord-Sud et Est-Ouest. Selon les circonstances, cette position charnière a favorisé la circulation des marchandises et des idées ou entraîné le territoire dans de grandes batailles, depuis les invasions barbares jusqu’à la seconde guerre mondiale.

Dans l’Identité de la France, Fernand Braudel souligne la fragilité des frontières du Nord-Est et de l’Est : “C’est Charles Quint, en 1544, qui en a donné la première démonstration. Parti du Luxembourg, il va aller jusqu’à Saint-Dizier qu’il emporte et, par la Marne, pousse jusqu’à Meaux aux portes même de Paris. La démonstration recommence en 1596, en 1636, en 1708, en 1814, en 1870, en 1914, en 1940, …”

Dès la préhistoire, la région constitue un espace d’échanges entre différentes peuplades sédentaires et nomades. Vers 20 avant Jésus Christ, Agrippa fut chargé par l’empereur Auguste d’établir un réseau routier en Gaule. L’un des axes principaux reliant Milan à Boulogne-sur-Mer, la Via Agrippa, traverse Châlons qui tire son nom du peuple gaulois des Catalaunes qui était implanté sur l’oppidum (enceinte défensive) de La Cheppe à 16 km au Nord-Est avant de fonder la ville.
La bataille dite de Châlons eut lieu en 274 entre les forces romaines de l’empereur Aurélien et celles de l’empereur gaulois Tetricus. La victoire d’Aurélien entraîna la soumission définitive de la Gaule à Rome.

Aux IVe et Ve siècles, la région, située sur le “limes” romain, constitue un enjeu stratégique majeur. C’est en 451 après Jésus Christ que les forces coalisées composées de troupes romaines, de Wisigoths, de Francs et de Burgondes stoppèrent la progression des Huns emmenés par Attila.
La localisation de cette bataille constitue un sujet de controverses et l’une des hypothèses situe le champ de bataille sur l’imposant oppidum de La Cheppe construit vers 80 avant Jésus Christ par le peuple des Catalaunes.
Au XVIIIe siècle, des cartes présentent le site sous le nom de “Camp d’Attila”.
L’ampleur de cette place forte, d’une superficie de 30 ha avec un rempart long de 1 800 m pouvant atteindre 7 m de hauteur, la voie romaine proche, et la vaste plaine qui jouxte l’oppidum, permettent en effet d’envisager qu’une bataille s’y soit déroulée.

Au Moyen-Age, la Champagne, pays d’échanges situé sur les routes commerciales reliant les Flandres et l’Italie, connut une grande prospérité économique grâce aux quatre grandes foires de Champagne, les plus considérables d’Europe. Dès le XIIème et tout au long du XIIIème siècle, la prospérité châlonnaise repose sur la fabrication de draps de laine de haute qualité, vendus dans toute l’Europe par l’intermédiaire des foires de Champagne.
Cette prospérité est également liée à la présence de l’évêque. Comme celui de Reims, l’évêque du diocèse de Châlons devint seigneur de la ville et fit de sa seigneurie une enclave indépendante au centre du Comté de Champagne. Cette prospérité favorise l’embellissement de la ville et pas moins de 17 édifices religieux sont construits à cette époque.

Aux XIVe et XVe siècles, les pays rémois et châlonnais traversent une période de troubles en ces temps de présence anglaise sur le sol français. Au XVIème siècle, sur fond de guerres, Châlons demeure un point stratégique face à l’empire de Charles Quint tout proche. L’évêque perd de son autorité face aux bourgeois du conseil de ville. Au XVIIème siècle, il est supplanté par l’intendant de Champagne, représentant du roi.

A la Révolution, Châlons perd son nom historique de Châlons-en-Champagne pour celui de Châlons-sur-Marne. La ville devient le chef-lieu du Département de la Marne pour des raisons de centralité géographique et sans doute aussi parce que Reims était la ville des sacres.
Deux événements décisifs dans l’histoire de France se déroulent à proximité du pays châlonnais. Du 20 au 25 juin 1791, Louis XVI et sa famille tentent de gagner l’étranger. Reconnus à Sainte-Ménehould par le maître de poste Jean-Baptiste Drouet, leur fuite s’arrêtera à Varennes, dans la Meuse.
C’est aussi dans la Marne, à Valmy, le 20 septembre 1792, que les généraux Dumouriez et Kellermann battent les armées prussiennes. Sûre de sa force, la Convention nationale proclame l’abolition de la royauté à laquelle se substitue la République.

Au XIXe siècle, la Champagne accueille plusieurs grands camps militaires qui vont couvrir 4 % de sa superficie. La région retient alors l’attention autant pour ses vastes espaces que pour sa position stratégique dans la défense de Paris. Ainsi, en 1858, Napoléon III inaugure le premier camp à Mourmelon-le-Grand. Conçu pour accueillir 25 000 hommes et 6 000 chevaux en manœuvre, il portait alors le nom de camp de Châlons, ville accessible de Paris par chemin de fer. Le maire de la capitale champenoise, Joseph Perrier, avait contribué à son installation et favorisé la création d’une voie ferrée entre la ville et le camp.

D’autres camps sont ensuite créés notamment à Mailly-le-Camp, Sissonne ou au lendemain de la première guerre à Suippes et Moronvilliers.
Le relief peu accidenté et les vastes horizons dégagés de la Champagne sont mis à profit par les pionniers de l’aviation compte tenu des performances modestes des premières machines volantes. Le 2 octobre 1908, le premier vol “de ville à ville” est réalisé près du camp de Mourmelon par Henri Farman sur un appareil Voisin. Il relie Bouy à Reims, soit une distance de 27 kilomètres, en une vingtaine de minutes à une hauteur avoisinant les 40 mètres (voir le site du berceau de l’aviation des maisons de Champagne).
Cette prouesse technique sans précédent va susciter un intérêt croissant pour l’aviation dont les progrès spectaculaires font vite prendre conscience de son intérêt stratégique. Ainsi, le berceau de l’aviation quitte la Champagne pour des régions plus éloignées des frontières sensibles du Nord-Est.

Au XXe siècle, le département paie un lourd tribut à la première guerre mondiale. Dans la mémoire collective, le conflit est en effet souvent associé aux batailles de la Marne. La première bataille de la Marne eut lieu du 6 au 13 septembre 1914 et permit de stopper l’avancée allemande au Nord de Paris. Cette offensive verra l’épopée des “taxis de la Marne”, organisée depuis la capitale par le Général Galliéni, chef du camp retranché de Paris. La deuxième bataille de la Marne, du 15 au 20 juillet 1918, constitue la dernière grande offensive allemande et marque l’engagement de la contre-offensive des alliés.

La ligne de front se fixera au Nord de Suippes durant 4 longues années marquées par de nombreuses attaques qui transforment le site en champ de ruines. Sur un espace d’environ 14 000 hectares, cinq villages : Tahure, Hurlus, Perthes-les-Hurlus, Les Mesnil-les-Hurlus et Ripont furent anéantis et jamais reconstruits.
Au lendemain du conflit, cette “zone rouge” donnera lieu à la création du vaste camp militaire de Suippes tout proche de celui de Mourmelon-le-Grand.
Pour perpétuer la mémoire des villages détruits, le nom de chaque village reste symboliquement lié à celui d’un village proche comme Tahure ajouté à Sommepy et Perthes-les-Hurlus rattaché à Souain.

La seconde guerre mondiale marque à nouveau durement la région. En juin 1940, plusieurs quartiers de la ville de Châlons furent incendiés par les allemands. Plus au Sud, la Ville de Vitry-le-François est presque entièrement détruite par les bombardements.
Le 7 mai 1945, la capitulation de l’armée allemande fut signée à Reims. Le 8 juillet 1962, le Président de la République Française, le Général Charles de Gaulle, et le Chancelier de la République Fédérale Allemande, Konrad Adenauer, passent en revue les troupes françaises et allemandes à Mourmelon-le-Grand avant d’assister, ensemble, à une messe de réconciliation dans la Cathédrale de Reims.

Un peu de géographie

Le Pays de Châlons-en-Champagne s’étend sur 1 783 km² soit presque un quart du Département de la Marne. Le territoire correspond pour une grande part au bassin de vie de Châlons et est également structuré autour des deux pôles urbains intermédiaires de Mourmelon-le-Grand et Suippes dans le Nord du pays.
A une échelle plus locale, le territoire compte des bourgs-relais comme Courtisols, Pogny, Jâlons ou Juvigny, qui permettent d’assurer un maillage en termes de services et commerces.
C’est sur la base de cette armature urbaine que sont menées les réflexions du PETR sur les actions à mettre en œuvre.

Le contexte naturel

Le Pays de Châlons-en-Champagne, situé au cœur de la Champagne crayeuse, est un modèle de paysage parfaitement cultivé développé sur des collines modelées dans la craie et séparées par des vallons occupés par des cours d’eau ou plus souvent par des vallées sèches. Deux traits principaux caractérisent ce territoire :

  • une moindre densité bâtie avec un faible nombre de communes comparativement à d’autres régions, et la quasi-absence d’habitat dispersé sous forme de hameaux à l’exception notamment de Melette ou de Longevas. Par ailleurs, les fermes isolées sont plutôt de conception récente ;
  • le rapport très fort des villages avec les cours d’eau : dans la toponymie locale, les lieux appelés “somme” désignent une source. On trouve ainsi, au Nord du territoire, Somme-Tourbe, village où la Tourbe prend sa source, de même pour Somme-Suippe (source de la Suippe), Sommepy-Tahure (source de la Py), Somme-Vesle (source de la Vesle).
Château-du-Marché-à-Châlons

Ce rapport avec l’eau est d’autant plus saisissant que la perméabilité du sol de craie réduit de manière significative le nombre des cours d’eau et leur puissance à l’exception de la Marne qui est alimentée par un bassin versant diversifié d’une superficie de 6 300 km² à Châlons-en-Champagne.
La présence de l’eau, généralement associée à une végétation abondante, devenue rare dans un espace dédié à l’agriculture, contribue à faire des villes et villages du pays châlonnais de véritables “oasis” au sein de vastes étendues cultivées.

A elle seule, la ville de Châlons-en-Champagne est traversée par pas moins de 10 cours d’eau : la Marne, le Mau, le Nau, la Moivre, le canal Saint-Martin, le canal latéral à la Marne, le canal de jonction, le canal Louis XII, le Mau venant de Saint-Memmie et la rigole du Jard. Ces cours d’eau ont influencé l’urbanisme de la ville et plus généralement le cadre de vie des châlonnais. Du XIVe au XIXe siècle, la ville fera l’objet de nombreux aménagements hydrauliques : percement du canal Louis XII, couverture des ruisseaux et de certaines portions du Mau et du Nau, déplacement du lit de la Marne, creusement du canal latéral à la Marne, aménagement du canal Saint-Martin, construction de plus d’une vingtaine de ponts, de vannages et d’écluses.

Les itinéraires de promenade qui suivent aujourd’hui ces cours d’eau, et en particulier la vallée de la Marne, rappellent que la viabilité de ce territoire est très ancienne :

  • Le GR654 ou “Sentier de Saint-Jacques de Compostelle” qui traverse la Champagne-Ardenne et remonte vers Namur puis les Flandres.
  • La “Via Francigena” également appelée route de Sigéric. A peine élu archevêque de Cantorbéry en 990, Sigéric se rendit à Rome pour y recevoir le pallium, ornement sacerdotal symbole de sa charge, des mains du Pape Jean XV. L’itinéraire de son voyage de retour, en 80 étapes d’environ 20 km, est connu par un manuscrit. C’est sur la base de cet itinéraire, plus anciennement attesté que celui de Compostelle, qu’a été balisé l’itinéraire actuel.
  • le GR14 connu sous le nom de “Sentier de l’Ardenne” qui relie Paris aux Ardennes belges en plus de 600 km.

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